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Contribuer à l’éducation d’un enfant et les comportements à éviter

L’idée ici n’est pas d’émettre une critique particulière envers l’éducation de vos petits-enfants par votre enfant, mais plutôt de vous amener à observer vos comportements en tant que grand-parents afin de faciliter vos interventions et de d’observer plus rapidement des résultats positifs quand vous avez du temps à passer seuls avec vos petits-enfants.

Les enfants sont comme des éponges, ils retiennent très facilement ce qu’ils apprennent, par le modelage plus particulièrement, bref en faisant comme les autres. Les principaux modèles sur lesquels ils se fient pour apprendre des comportements prosociaux sont les adultes et les enfants avec qui ils se tiennent et avec qui ils ont un lien d’attachement plus important. C’est pourquoi il est important d’apprendre à vous auto-observer lors de vos interventions auprès de votre petit-enfant, car vous faites probablement partie de son modèle principal d’apprentissage.

Régler des conflits ou se chicaner devant les enfants

Ce comportement n’est pas à prendre à la légère. Les parents et/ou les grands-parents qui se chicanent font vivre toutes sortes d’émotions aux enfants, d’autant plus quand il y a de réels cris, autres que de hausser le ton, des insultes et de la violence psychologique ou physique.

Bien sûr, il est tout à fait normal de vivre des conflits entre parents et/ou grand-parents. Toutefois, il faut apprendre à les gérer de façon adéquate dans le but premier de ne pas faire vivre à nos petits-enfants des moments d’angoisse, d’anxiété et de peur, et dans le but second de leur montrer comment gérer un conflit.

Même si les sujets des conflits les concernent parfois, certaines choses n’ont pas à être dites devant eux. C’est pourquoi il est important de régler le conflit avec le parent, ou l’autre grand-parent, seul à seul. L’enfant peut très bien se rendre compte qu’il y a un conflit, par le changement de comportement des parents et des grands-parents ou la tension dans l’environnement, ce qui n’est pas une mauvaise chose.

Toutefois, il doit aussi comprendre que c’est normal qu’il y ait des conflits lorsque des personnes vivent ensemble ou sont dans la même famille. Si l’enfant vous pose des questions sur le conflit, vous pouvez le rassurer en expliquant que vous allez régler la situation, et qu’il n’est pas la source du problème. Les enfants peuvent facilement se sentir coupables lors d’une chicane de famille, et peuvent avoir peur d’une éventuelle séparation des parents ou d’une coupure de contact entre les grands-parents et les parents. C’est important d’indiquer à l’enfant quand le conflit est réglé, et comment vous avez fait pour le régler, par des mots simples.

En résumé, l’enfant ne doit pas se sentir comme la cause d’un conflit, ne doit pas s’y sentir impliqué ou se sentir redevable. Certains enfants vont essayer de régler les conflits de leurs parents ou de leurs grands-parents, ce qui n’est pas souhaitable.

Toutefois, il doit comprendre qu’il est normal de vivre des conflits ou de la colère lorsqu’on est en relation avec d’autres personnes, et qu’il faut régler ces conflits de façon pacifique.

D’ailleurs, si le conflit entre les parents/grands-parents concerne l’éducation de l’enfant, il est important de ne pas exprimer le désaccord devant lui. Celui-ci comprendra rapidement qu’il n’y a pas de cohérence entre les adultes et qu’il y a peut-être un parent ou un grand-parent plus permissif, et tentera de faire pencher la balance en sa faveur si la situation se répète. C’est pourquoi il est primordial de s’asseoir seul à seul avec les parents, ou avec l’autre grand-parent, et de discuter de la situation, afin de mieux vous entendre sur les interventions à mettre en place auprès de l’enfant. Il est normal que les parents et grands-parents ne s’entendent pas toujours sur ce sujet, mais l’expression de ce désaccord ne devrait pas se faire devant l’enfant.

La nouvelle tendance : Intervenir le moins possible dans le développement social de l’enfant, positif ou non?

Dans la nouvelle vague qui veut que l’on mette de l’avant les tendances naturelles dans tous les domaines, l’éducation des enfants n’est pas épargnée. Il faut savoir qu’un enfant naît avec un tempérament, un certain caractère, mais que sa personnalité se forge selon ses expériences vécues, ses relations avec les adultes et les enfants, l’environnement dans lequel il vit, la culture de la société dans laquelle il évolue, etc. La personnalité se cristallise vers le début de l’âge adulte, soit entre 17 et 25 ans.

Que l’enfant ait un tempérament plus facile ou le contraire, il a besoin d’un cadre. Le cadre sera différent selon les besoins de l’enfant, mais il est primordial. C’est ce qui servira à le rassurer, car il saura où sont les limites, bien qu’il les teste parfois, et saura qu’un adulte bienveillant pourra le gérer en cas de besoin. Des enfants qui vivent sans cadre réel auront beaucoup de difficulté à vivre en société, parce qu’ils n’auront pas appris à suivre des règles. Ils auront également de la difficulté à entretenir des relations sociales (développement de l’empathie négligée, résolution de conflits inadéquate, mauvais apprentissage de la gestion des émotions et de la colère plus particulièrement, habiletés sociales déficientes) et à conserver un emploi (ne respecte pas l’autorité).

Des règles pour eux, qui s’appliquent aussi à vous

Les règles de la maison servent à gérer les comportements de chacun et à respecter les attentes pour le bon fonctionnement familial. Il est certain que les règles concernent généralement plus les enfants que les adultes, mais en tant que parent et grand-parent, il faut aussi respecter les règles qui nous concernent. Souvent, des parents ou des grands-parents exigent des enfants des comportements qu’ils n’exigent pas d’eux-mêmes, ce qui peut créer des situations d’incompréhension et de frustration de la part des enfants.

Par exemple, si la règle est qu’il n’y a pas de technologie à table lors du repas du soir, ne répondez pas à vos courriels subtilement en dessous de la nappe. Les cheveux doivent être ramassés après le séchage dans la salle de bain? Faites-le aussi. Bien sûr, des règles ne s’appliquent pas nécessairement aux adultes, comme l’heure du bain ou du coucher, mais celles qui peuvent l’être doivent être respectées. Cela démontre votre bien vouloir de respecter la vie familiale, et évitera bien des situations de frustration et de revendication à l’injustice.

La surprotection

Avec toutes les histoires d’horreur qu’il est maintenant possible de connaître grâce aux technologies de communication, il est normal pour un parent ou un grand-parent d’être inquiet pour l’enfant, même dans un endroit plutôt sécuritaire comme le Québec. Des drames arrivent tous les jours, qu’ils soient accidentels ou non. Le rôle d’un parent et d’un grand-parent est de le protéger, mais aussi de le soutenir dans son développement. Beaucoup de parents ou grand-parents les surprotègent, de crainte qu’il ne leur arrive quelque chose en allant chez son ami au coin de la rue, ou qu’il se blesse au parc du quartier.

Il est important de comprendre que l’attachement d’un enfant se construit dans sa relation qu’il a avec ses parents, ses grands-parents, ceux qui l’encadrent et son environnement. Dans le cas de la surprotection, l’enfant a peu d’interactions libres avec son environnement. Cela peut amener l’enfant à ressentir de l’anxiété lorsqu’il s’éloigne trop de ses parents, bien que l’anxiété de séparation soit considérée comme normale à certaines étapes du développement. Ainsi, l’enfant surprotégé va craindre l’environnement qui l’entoure, parce que ses parents lui transmettent le message que c’est dangereux. Plus tard, il pourrait devenir un enfant anxieux, avec une faible estime de lui-même et être incapable d’explorer sans ses parents ce qui l’entoure.

L’anxiété que ressent un parent ou un grand-parent face à la sécurité de l’enfant est normale. Toutefois, il doit s’assurer de ne transmettre qu’une dose raisonnable de son stress pour que l’enfant se pose des questions et ait les bons réflexes s’il lui arrive quelque chose, par exemple se retourner vers son parent s’il tombe de la balançoire. La meilleure solution est d’apprendre à son enfant les règles de sécurité et de les appliquer au quotidien.

Toujours exiger la perfection… de votre grand-parentalité

On entend souvent parler de l’anxiété de performance chez les enfants et les adolescents, mais qu’en est-il de celle des parents et des grands-parents? Avec toutes les connaissances et les outils que nous possédons aujourd’hui sur le développement de l’enfant, de la parentalité et de la grand-parentalité, il est parfois difficile de s’y retrouver et de donner une juste dose d’amour et d’encadrement aux enfants. On juge rapidement les comportements des autres parents et des autres grands-parents, mais on craint aussi que les autres fassent de même avec nous.

Les enfants ont des besoins différents, et vous aussi. Des parents se sentent merveilleusement bien dans leur rôle de parent au foyer, et resteraient dans cette situation toute leur vie si leurs finances leur permettaient, tandis que d’autres n’en peuvent plus de passer 24 heures sur 24 avec les enfants. Certains grand-parents aiment laisser une certaine distance, tandis que d’autres préfèrent voir leurs petits-enfants le plus souvent possible et les gâter.  Et c’est normal. Vous avez vos besoins, votre personnalité, vos intérêts, et il est important de les respecter.

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