ARTICLE
L’estime de soi : un trésor à transmettre de génération en génération
« Les dictionnaires définissent généralement l’estime de soi comme étant un sentiment favorable né de la bonne opinion qu’on a de son mérite et de sa valeur. Le dictionnaire actuel de l’éducation, pour sa part, parle de l’estime de soi comme de la valeur qu’un individu s’accorde globalement; il ajoute qu’elle fait appel à la confiance fondamentale de l’être humain en son efficacité et en sa valeur ». (1) La perception positive que l’on a de soi-même permet de garder espoir face aux difficultés et épreuves de la vie. L’estime de soi engendre un sentiment d’harmonie avec soi-même et avec les autres.
Elle prévient des difficultés d’adaptation et d’apprentissage. Alors comment pouvons-nous, par nos interventions, favoriser l’estime de soi de nos petits-enfants?
- Établir un lien d’attachement solide. Le lien d’attachement est le noyau primitif de l’estime de soi. C’est ce qui donne à l’enfant un sentiment de sécurité qui se transforme avec le temps en attitude de confiance. On sait combien sont significatives les relations aux grands-parents. Les petits-enfants y accordent beaucoup d’importance. D’où l’influence de ce lien d’attachement avec les grands-parents.
- Adopter une attitude d’acceptation inconditionnelle. Cette acceptation est fondamentale. L’enfant doit sentir qu’il est accepté tel qu’il est, avec ses forces et ses limites. L’adulte doit avoir des attentes réalistes par rapport aux capacités de l’enfant et ne pas forcer la note. Les grands-parents sont souvent perçus par les petits-enfants comme étant indulgents. Cette attitude les aide à s’accepter eux-mêmes et à s’estimer.
- Adopter un regard bienveillant. C’est à partir du regard d’autrui posé sur lui que l’enfant intériorise graduellement le sentiment de sa valeur personnelle. Le regard de l’adulte doit être positif et cela, malgré les défis et difficultés que pose l’enfant. L’adulte doit garder espoir de trouver des solutions satisfaisantes aux problèmes qu’il rencontre avec l’enfant. Le regard des grands-parents positif et bienveillant aide l’enfant à se construire un sentiment d’identité.
- Accorder le droit à l’erreur et la dédramatiser. L’erreur et l’échec ne sont pas la fin du monde. On peut apprendre de nos erreurs. On peut les réparer et préserver ainsi une image positive de soi-même. Le sentiment de sa valeur personnelle ne doit pas diminuer du fait que l’on fait des erreurs à l’occasion. C’est ici que, souvent, les grands-parents font la différence car, avec leur expérience, ils savent que l’erreur est humaine et qu’elle ne change pas leur regard sur l’enfant.
- Éviter le perfectionnisme. Cette attitude, parfois interprétée comme une qualité, entretient, en fait, un stress de performance qui rend la tâche difficile de reconnaître ses limites, ses erreurs, ses difficultés. La barre est haute et cela peut avoir un effet décourageant pour l’enfant ou encore lui donner le sentiment qu’il ne comble pas les attentes de l’adulte. Donc, le regard posé sur lui ne lui permet pas d’intérioriser un sentiment de fierté ni un sentiment de compétence. Pourtant, ces sentiments sont importants pour développer l’estime de soi. En accordant le droit à l’erreur, on évite le perfectionnisme.
- Donner des limites claires à l’enfant et lui expliquer les raisons de ces limites. Les limites confèrent un sentiment de protection. Les règles de discipline ont intérêt à ne pas être trop nombreuses. Elles doivent être stables, concrètes, constantes, cohérentes et conséquentes. En les expliquant à l’enfant, on fait appel à son raisonnement qui engendrera progressivement l’autodiscipline car l’enfant pourra intérioriser les règles. Les grands-parents ont intérêt à connaître les règles que leurs petits-enfants doivent respecter et soutenir ces règles eux aussi.
- Éviter la surprotection. Cela donne à l’enfant moins d’espace pour qu’il puisse développer son autonomie lorsque l’adulte fait à sa place des tâches qu’il est capable de faire seul. Cela l’empêche de cultiver sa confiance en lui-même.
- Éviter le laisser-faire. Cette attitude ne communique pas à l’enfant les limites dont il a besoin pour grandir sainement. L’enfant risque de vivre de l’insécurité en ne se sentant pas protégé par un encadrement stable et solide.
- Encourager le sentiment « Je suis capable!». Dès que l’enfant manifeste son désir d’autonomie, il s’agit de l’encourager et de le laisser essayer de faire seul. Au début, ce sera de petites tâches pour ensuite évoluer vers des tâches plus complexes. Ce sentiment soutient son estime de lui-même en formation.
- Formuler positivement les consignes. Au lieu de dire ce que l’enfant ne doit pas faire, lui indiquer ce qu’il doit faire. « Parle doucement! », au lieu de « « Ne crie pas! », « Marche! ». au lieu de « Ne cours pas! ». Cette intervention a l’intérêt de sauvegarder l’énergie positive de l’adulte et de l’enfant. De plus, la consigne s’en trouve plus claire.
- Encourager les comportements positifs. Décrire les bons coups, les réussites, les succès, les gestes positifs. Cela donne à l’enfant un sentiment de fierté sur lequel il pourra s’appuyer pour développer son estime de soi. De plus, ces descriptions de bons coups démontrent à l’enfant l’intérêt que les grands-parents lui portent.
- Lors d’écarts de conduite, orienter l’enfant vers un geste réparateur. Cette intervention est positive car elle permet à l’enfant de se racheter après une erreur. « Que peux-tu faire pour réparer ton erreur? » démontre une ouverture de l’adulte envers l’enfant qui peut reconquérir une image plus positive de lui-même. Plutôt que de gronder l’enfant, le grand-parent l’aide à trouver une solution au problème.
- Manifester du respect en toute circonstance. Le respect est pour soi et pour autrui aussi. Parler à l’enfant avec considération. Le traiter comme un partenaire de la relation, comme une personne qui est en apprentissage.
- Favoriser la connaissance de soi. Faire remarquer à l’enfant ce qui le distingue et le différencie des autres. Soutenir son sentiment d’identité, son sentiment d’unité et de cohérence interne. Chaque enfant est unique. En prenant conscience de ses ressemblances et de ses différences, il apprend graduellement à se connaître et à s’estimer tel qu’il est.
- Éviter les jugements négatifs sur l’enfant devant l’’enfant. Les étiquettes, les sarcasmes, les critiques sapent l’estime de soi de l’enfant en lui communiquant un regard négatif sur sa personne. Ne l’oublions pas, c’est à partir du regard posé sur lui que l’enfant se construit.
- Toujours préparer l’enfant aux changements qui ont lieu dans sa vie. Peu importe le changement, il est souhaitable que l’adulte explique à l’enfant dans des mots simples ce qui va arriver et ce que ça implique pour lui. Cela diminue le stress que l’enfant vit normalement devant tout changement.
- Éviter les comparaisons et la compétition pour motiver l’enfant. Cette intervention mine l’estime de soi parce que l’enfant se compare et peut se sentir diminué. L’adulte peut reconnaître les limites de l’enfant et l’aider à les accepter ou encore à les dépasser si l’enfant en a le désir.
- Aider à reconnaître les émotions et à les accepter. Tout être humain vit des émotions positives et négatives. Les accepter telles qu’elles se présentent et apprendre à les gérer en se contenant toujours mieux sont des apprentissages essentiels.
- Encourager les talents divers et les activités créatrices. Souligner les talents particuliers de l’enfant et le soutenir pour qu’il les exerce pour les perfectionner est une intervention aidante car l’enfant peut y découvrir son unicité, son originalité et là aussi, s’appuyer pour accroître son estime de soi. Les activités créatrices permettent aussi à l’enfant de s’exprimer de manière authentique et unique.
- Vivre régulièrement des temps de qualité avec l’enfant. Peu importe son horaire, l’adulte a intérêt à se réserver du temps de qualité avec l’enfant et ce, très régulièrement, peu importe l’âge de l’enfant. Ces moments agréables passés ensemble ravivent l’attachement qui se vit mutuellement. Nous l’avons dit plus tôt, l’attachement constitue le noyau primitif de l’estime de soi.
- Peu importe l’âge de l’enfant, entretenir continuellement son estime de soi. L’estime de soi fluctue au fil des expériences vécues à travers les différents âges de la vie. Il importe donc de toujours l’entretenir car elle permet l’embellissement de la vie des enfants, des parents et des grands-parents !
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
(1)Germain Duclos, L’estime de soi, un passeport pour la vie, Éditions de l’Hôpital Ste-Justine, 2000 (la définition se trouve à la page 15)
Danielle Laporte, Favoriser l’estime de soi des 0-6 ans, Éditions Hôpital Ste-Justine, 2002
Danielle Laporte, Lise Sévigny, L’estime de soi des 6-12 ans, Éditions de l’Hôpital Ste-Justine, 2002
Rédaction :
Jocelyne Petit
Mise à jour : 24 février 2021
Partagez cet article