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Quand un grand-parent est hospitalisé

Quand un grand-parent est hospitalisé, que dire aux petits-enfants? Ce n’est pas évident! On ne veut pas les effrayer. En même temps, ils sentent bien que leurs parents sont touchés. Ils les ont vu pleurer en certains moments.  Comment bien expliquer ce qui se passe sans les traumatiser? Voici quelques pistes de réflexion que l’expérience de chacun pourra compléter.

 

  1. Dire la vérité avec des mots simples.

Identifier et nommer la partie du corps touchée par la maladie. L’illustrer pour favoriser la compréhension. Utiliser des livres qui décrivent l’anatomie du corps humain (voir référence à la fin).

 

  1. Dire qu’avec les soins donnés à l’hôpital, on cherche à « réparer » le corps qui a mal.

Parler de l’objectif de « se sentir mieux ». « Grand-maman est à l’hôpital pour réparer son cœur malade ». Parler avec des mots qui réfèrent au corps et identifient les sensations : « se sentir bien », « se sentir mal », « être mieux », « guérir », « avoir plus de force et d’énergie ». Donner espoir dans la guérison possible, s’il y a lieu.

 

  1. Expliquer l’absence du grand-parent.

Parler du grand-parent durant son absence. Tout ce qui rappelle sa présence :  une recette préférée, un jouet donné avec lequel l’enfant joue, les dernières nouvelles que l’on a de l’hôpital etc. Si on ne peut pas voir le grand-parent, expliquer pourquoi : « contagion possible », « faiblesse », « besoin de repos », « éviter de transmettre des virus », etc.

 

  1. Trouver des moyens de communication durant l’absence du grand-parent à l’hôpital.

De nos jours, les moyens de communication sont nombreux et variés. Les adapter selon l’âge de l’enfant et selon ses intérêts : téléphone, dessins, carte de souhait, rencontre virtuelle, vidéos, etc. Garder le lien vivant en utilisant des moyens de communication adaptés à la situation. Parfois, il est possible que l’enfant puisse venir visiter son grand-parent à l’hôpital. Ces visites doivent cependant être préparées. Décrire à l’enfant les observations qu’il fera : des fils et des machines pour aider la guérison et aider à prendre des forces pour avoir assez d’oxygène pour bien respirer, etc.  Après la visite, bien observer l’enfant pour déceler des émotions, des questionnements, des anxiétés. L’accompagner en se montrant présent et empathique.

 

  1. Tenir l’enfant au courant de l’évolution de la maladie et du processus de guérison

Le faire avec honnêteté. « Grand-papa va mieux. Il mange bien! Il a plus d’énergie et de force aujourd’hui! Il guérit bien! » ou son contraire, s’il y a lieu. Parler de la vieillesse et de ses conséquences inévitables : plus de problèmes de santé, moins de force, moins de souplesse, des os plus fragiles, une démarche plus lente, des courbatures, une vision et une audition moins bonnes, etc. Parler de la patience que l’on doit avoir envers les personnes âgées.  Selon la gravité de la maladie, informer l’enfant, s’il y a lieu, que « grand-maman peut finir sa vie ». Tout le monde finit sa vie un moment donné. « Grand-papa a vécu une belle vie! » pour rassurer l’enfant. « Il a réalisé de belles choses » et énumérer ce qui a caractérisé positivement le parcours de la personne qui décède. Présenter la fin de vie comme une normalité dans la nature, un aboutissement incontournable de la vie des humains. Cette vie est un passage entre la naissance et la mort. Nous avons du pouvoir dans ce passage : celui de vivre une vie saine pour bien préparer nos vieux jours, prendre soin de notre santé, de nos familles, de nos amis, de nos loisirs.  Profiter au maximum des bons moments que l’on peut encore vivre ensemble avec la personne en fin de vie.

 

  1. Mettre des mots sur les émotions et sentiments ressentis par le petit-enfant.

Tout au long du processus, être empathique et compréhensif. Bien observer l’enfant dans ses jeux pour déceler ses questions et ses anxiétés.

 

  1. Utiliser du matériel ludique pour permettre de jouer l’hospitalisation et la maladie.

Sur le marché, on peut trouver des jouets avec lesquels on joue à « réparer » le corps, calmer la douleur, panser les blessures, examiner si le corps va bien, effectuer une opération pour réparer le corps, etc. Trousse médicale, trousse de premiers soins, hôpital en jouet, salle d’opération sont des ressources pertinentes pour aborder le thème de la maladie et de l’hospitalisation. En observant le jeu de l’enfant, on peut voir ce qui le préoccupe et répondre au mieux à ses questions. Des livres d’enfants sur l’hôpital et sur le fonctionnement du corps peuvent être utiles pour faire comprendre à l’enfant ce qui se passe en discutant avec lui (voir références à la fin).

 

Conclusion

  • Voilà une approche suggérée pour faire face à la maladie et à l’hospitalisation d’un grand-parent. Ces idées pourront être complétées par l’expérience de chacun. L’important à retenir est :
  • La communication honnête, adaptée à l’âge du petit-enfant et à sa compréhension.
  • La sensibilité et l’empathie face aux émotions de chacun dans la situation.
  • La jouissance de la vie dans l’ici-maintenant en vivant le plus de bons moments possibles dans la mesure du possible.
  • Le pouvoir que l’on a sur sa vie en faisant de bons choix santé.
  • Le pouvoir que l’on a de se concentrer sur le présent et d’apprécier les bonnes choses, y compris les contacts humains chaleureux.

Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation

 

*Un merci spécial à Papilou et à Mamilou ainsi qu’à Mamie Rita pour la relecture de ce texte et le partage de leur expérience comme grands-parents.

 

Références

Catherine Dolto-Tilich, L’hôpital, Éditions Gallimard Jeunesse Giboulées, 2021

Mon encyclopetit du corps humain, Éditions Petits Génies, 2020

Ressources

Jouets pour enfants pour jouer à l’hôpital (hôpital, chambre d’enfant d’hôpital, salle d’opération) accessibles sur le marché dans les centres-jouets.

 

 

 

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