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Partir pour raconter : un livre pour notre génération
Le livre que toute notre génération doit acheter pour comprendre ce que nous voyons parfois dans les médias, racontant la vie d’une journaliste internationale en zone de risques de toutes sortes.
Pendant vingt-cinq ans, Michèle Ouimet a parcouru la planète. Du Rwanda à l’Arabie saoudite, en passant par l’Iran, le Pakistan, l’Afghanistan, la Syrie, le Mali, l’Égypte, elle a couvert les guerres, les révolutions, les désastres naturels. Elle nous donne ici le passionnant récit de sa carrière de grande reporter internationale, nous laissant voir les coulisses du métier. Comment réussit-on à cacher qu’on est journaliste dans l’Iran des ayatollahs? Comment trouve-t-on un bon fixer, cet accompagnateur essentiel, à la fois tête chercheuse, traducteur et garde du corps? Comment fait-on pour se déplacer quand il fait quarante degrés et qu’on porte non seulement une veste pare-balles qui pèse dix kilos, mais aussi une burqa qui permet à peine de voir à quelques mètres devant soi? Comment arrive-t-on à maîtriser sa peur quand pleuvent les bombes, quand les snipers sèment la mort, quand la foule s’affole sur la place Tahrir, quand il faut enjamber les cadavres pour arriver à faire correctement son boulot? Elle était une des pionnières, laissant amoureux et enfant derrière. Mais elle tenait à faire ce métier, elle avait l’urgence d’aller sur le terrain pour parler de la misère et de l’absurdité de la guerre, pour recueillir des témoignages, pour mettre un visage sur les atrocités pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli, ce grand trou de l’histoire qui masque nos consciences. L’enjeu était complexe. Et c’était avant l’internet, les citoyens journalistes, YouTube et le reste, elle voulait montrer ce qui se passait. Elle jetait un regard sur le monde, et nous présentait chacun comme un être humain qui ne voulait parfois qu’améliorer sa vie ou survivre. La vie des gens n’est jamais simple. Et comme elle nous dit, il fallait tricher, et mentir pour faire son métier. Sa vie n’avait rien du long fleuve tranquille, elle ne dormait pas toujours bien en temps de reportage, sa vie a été plusieurs fois en danger.
Nous nous sommes sans doute croisés, elle et moi et cela dès le début, elle a un peu le même cursus que moi, le même âge, et je voulais être recherchiste au début de ma carrière, mais le hasard m’a amené ailleurs. Mais elle a fait bien plus que ce que j’aurais fait. Le journalisme a encore sa raison d’être même en 2020. Finalement, selon nous, elle semble s’en être bien sortie, malgré toutes les horreurs qu’elle a pu voir et vivre. À lire pour apprécier la vie au Québec, dans le temps des Fêtes. Toute notre équipe vous recommande ce livre instructif, enrichissant et passionnant.
Michèle Ouimet, 290 pages aux éditions du Boréal
André Maccabée avec la collaboration spéciale d’Amélie Lacroix Maccabée
Rédaction :
André Maccabée
Mise à jour : 13 décembre 2019
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