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Le printemps arrive ce vendredi 20 mars au petit matin, les érables coulent. Voici un choix de romans d’ici pour notre génération (et même inter-génération) en collaboration avec notre libraire Amélie Lacroix Maccabée.
Le 1er est du XVe siècle, au temps de Cartier, La plume rouge. L’auteure a découvert l’histoire lors d’un voyage dans la région en 1993, qui est connue depuis le succès de La Grande Séduction de Ken Scott, un film de 2003. 1541, le roi François 1er mandate Jean-François de la Rocque, Seigneur de Roberval, pour aller fonder, à la suite des voyages de Jacques Cartier, une première colonie sur le bord du fleuve Saint-Laurent. Le fier gentilhomme demande alors à sa cousine, Marguerite de la Rocque, de l’accompagner dans cette expédition afin de faire d’elle la toute première institutrice de ce nouveau pays. Elle s’embarque à La Rochelle pour le Nouveau Monde. Disons que le Sieur a des visées sur la jeune fille, contrairement à Cartier, il était peu recommandable et ses causes étaient moins nobles. Disons que lui et Cartier n’étaient pas des amis. Les cinq semaines de navigation ne seront pas de tout repos pour la jeune fille. Frustré qu’elle le repousse, il la fait débarquer sur une terre inhospitalière, un îlot rocheux inhabité qui serait Harrington, pensant la condamner à une solitude atroce et à une mort presque certaine. Survivra-t-elle? Nous ne vous en dirons pas plus, sinon qu’il faut acheter ce livre, que nous avons lu presque d’une traite. On s’attache à Marguerite et à ces personnages passionnants et cela nous prouve que notre peuplement a ses histoires. Angèle Delaunois signe ici son premier roman pour adultes, après des centaines de livres jeunesse. Merci à l’auteure de nous avoir envoyé ce livre qui a fait l’unanimité de toute notre équipe. 240 pages aux éditions Guy St-Jean.
Le 2e est : Les secrets de St-Joseph, sur les années de la 2e guerre au Québec. Quelques lignes du 4e de couverture : Juin 1940. Le train vient de quitter la gare de Saint-Joseph-de-Maskinongé. À son bord, Germain Lalancette, 17 ans, file vers Trois-Rivières. De là, un frère l’attend pour le conduire au juvénat de Pointe-du-Lac où il commencera son noviciat. À Québec aussi, un train met le cap vers cette même destination, Trois-Rivières. Il transporte un troupeau de prisonniers de guerre balancés sur nos terres par l’Angleterre. Un surplus, dira l’Europe. Un de plus. Et il y en aura beaucoup. Vinzenz, jeune prisonnier allemand, fait partie du troupeau de cette fin de printemps. Le camp de Trois-Rivières, jugé trop insalubre, ne sera en opération que 3 mois, assez pour que les vies de Germain et de Vinzenz s’y croisent.
Le 14 juillet 1940 fut le record de mariages québécois de tous les temps, c’est que c’était soit le mariage soit la guerre, entre autres au Parc Jarry où des centaines de personnes sont mariées en même temps. Elle en parle dans le roman. Nous en avons appris dans ce livre, et un site était près de chez nous. En tout, huit sites ont servi au Québec pour 38 000 prisonniers. Tout un roman bien écrit d’une auteure à suivre. Diane Rabouin, 220 pages aux éditions de l’Apothéose.
Le 3e est un format un peu plus réduit : Rendez-vous à Tourville. Le Québec des années 50, avec les curés qui fricotaient avec leurs servantes, y est dépeint. Ses parents suivaient la méthode du calendrier. « Certains disaient méthode ogino et parfois bingo. Alors, ce qui devait ne pas arriver arriva. C’est-à-dire moi. » C’est une autobio romancée. Tourville, années 1950. Les locomotives ne sont pas encore passées au diesel et le CN est le principal employeur de ce village de la région des Appalaches, dépôt de charbon et de bois d’œuvre. Depuis toujours, l’Église règne sans partage sur les âmes comme sur la politique : rien ne doit mourir et rien ne doit changer… Mais voilà que la télévision entre dans les foyers et, avec elle, une constellation de nouvelles vedettes dont la plus lumineuse, aux yeux du jeune Daniel Boisvert, est sans conteste Janette Bertrand. Le petit garçon ira jusqu’à confier à son idole la tragédie qui a bouleversé sa famille. À travers le regard d’un enfant de neuf ans, Rendez-vous à Tourville dépeint avec un humour à la fois tendre et ironique tout un chapitre de l’histoire culturelle et sociale du Québec. Parfait pour tous ceux et celles qui avaient moins de 10 ans dans les années 50, et encore plus les autres, pour découvrir le Québec d’avant la Révolution tranquille. Pierre Rancourt, 243 pages chez VLB éditeur.
Et pour terminer un 4e pour vous et les jeunes, un roman graphique historique : Le Sergent Billy, l’histoire d’un chevreau devenu soldat. Pendant la Première Guerre mondiale de 1914-1918, un chevreau nommé Billy a été adopté par le 5e bataillon des Forces armées Canadiennes et a traversé l’océan pour faire partie de l’effort de guerre. Dans cet album, on suit Billy depuis sa petite ville de Saskatchewan, en passant par le Québec, jusqu’aux tranchées du front en Europe, à travers des moments tristes, des moments de camaraderie et des moments de fête. Il reviendra chez lui après la guerre, un vétéran. Il a même été décoré, car il a sauvé des soldats, nous ne vous en dirons pas plus, sinon qu’il faut absolument vous procurer cet album graphique superbe qui célèbre l’amitié entre les humains et les animaux. Il y a plein de photos d’époque et vous pouvez encore voir Billy quelque part. 8 à 108 ans, un livre inter-génération pour la relâche. Mireille Messier, illustré par Kass Reich chez Isatis.
André Maccabée et Amélie Lacroix Maccabée
Rédaction :
André Maccabée
Mise à jour : 11 mars 2020