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Amour et univers virtuel: comment s’y retrouver ?

Entre le vieux modèle d’autrefois et le modèle du couple actuel – il y a une marge énorme!

Les célibataires d’aujourd’hui sont confrontés à une autre réalité. Actuellement, le taux de célibataires au Canada n’a jamais été aussi élevé. Juste au Québec, il y a plus de 30% des gens qui sont seuls. Les sites, les applications, les agences de rencontre proposent des milliers de profils… et statistiquement, seulement 15% vont choisir la bonne personne pour partager leur vie amoureuse.

Mais comment ça se fait ?

Plusieurs facteurs jouent: les femmes ont des attentes différentes, les hommes sont déstabilisés par ces changements et les deux craignent d’être déçus ou de «perdre » de belles années en faisant un mauvais choix. Le plus gros du problème vient d’ailleurs de la quantité de profils disponibles sur Internet. Un phénomène nouveau qui laisse croire qu’on a énormément d’options et qu’on peut prendre tout notre temps, comme il y aura toujours mieux…

 Est-ce que c’est si différent d’avant?

C’est surtout l’évolution de notre image du couple modèle qui a provoqué le plus grand du bouleversement au cours des dernières années. Beaucoup de femmes ont exprimé leur ras-le-bol du vieux modèle de séduction… ce qui a accordé une liberté et a changé les attentes de tout le monde.

Trouver mieux: vraiment?

Tout ce changement est une évolution, et tout ce qui nous fait évoluer est positif, mais il faut se rappeler que trop de choix et de liberté n’apportent pas plus de bonheur. Aujourd’hui, ces milliers de choix de célibataires en ligne ne font qu’augmenter la peur de passer à côté de «mieux». Le doute paralyse donc la personne face à son choix final… son hésitation finit par la convaincre qu’elle préfère attendre que de se contenter de moins… mais «moins» de quoi en fin de compte? Moins d’amour?

Homme ou femme – chacun attend de son côté de trouver l’objet de ses désirs – la personne parfaite « à leurs yeux » – sauf que cette position entraine encore plus de confusion et d’incertitude entre le « moi » et « l’autre » – il y a une autoroute de compromis à faire pour arriver à être en couple.

Le problème de trop de choix

Face à une multitude de choix, sachez que notre cerveau s’épuise. Le plus bel exemple pour imager cette situation actuelle des célibataires est le paradoxe de l’âne de Buridan : cette histoire raconte qu’un âne est mort de faim faute de choisir – entre un seau d’eau et un seau d’avoine ! Il a tellement attendu qu’à force d’hésiter entre ses deux désirs, il est mort sans avoir profité ni de l’un, ni de l’autre. Même si cette légende pousse le dilemme à l’absurde – elle expose parfaitement le paradoxe de la liberté de choisir poussé à l’extrême… pour n’obtenir finalement que la « liberté d’indifférence ». La morale de cette histoire est : un humain qui fait face à trop de possibilités est toujours mieux de choisir le plus grand bien.

Sommes-nous trop difficiles?

Aujourd’hui, on attend et exige beaucoup d’une seule personne: on veut vivre l’aventure, la nouveauté, la surprise. Cette personne doit être drôle, avoir des projets et des passions, être fiable, fidèle, capable de bien embrasser, de bien faire l’amour, et de nous deviner… un mélange «parfait» de complicité et de complément – amant(e), meilleur ami(e), confident(e), etc. Sans oublier que les attentes envers la sexualité sont aujourd’hui bien différentes.

Actuellement nous traversons une époque d’une grande importance du « JE »; l’individu et l’individualisme nous obligent à revoir nos attentes face à nos valeurs personnelles et communes, c’est-à-dire entre le «moi et mes besoins» et ceux de l’autre. L’objectif à atteindre est de prendre conscience de sa propre importance dans la vie, tout en considérant celle de l’autre.

Présentement, on tente de recréer l’équilibre entre le vieux modèle de couple et les nouvelles options pour créer une image plus actualisée du couple, sauf qu’on n’a pas encore trouvé le bon trait d’union à mettre entre les deux.

 Passer d’un modèle du couple utile vers un couple plus agréable

Rappelons-nous que tous nos apprentissages personnels doivent nous servir. Le JE, ce moi qui a pris le temps de trouver le bonheur et de se sentir bien et heureux, ne doit pas créer autour de lui une forteresse de fausses raisons l’écartant de son projet d’aimer une autre personne que lui-même, du moins, pas avant d’être vraiment convaincu de n’avoir rien à apprendre d’elle.

JE dois découvrir le sens que JE souhaite apporter à mon couple.

Pour ce faire, le « JE » – l’individu en vous, dois dépasser ses propres préjugés. Il y a une remise en question à faire. Il vous faudra clarifier vos visions simplifiées, trop optimistes ou trop pessimistes, de la vie de couple. Chaque personne célibataire actuelle doit faire sa part en participant au développement du nouveau modèle du couple – et pour y arriver, il faut que ce courant individualiste puisse servir à l’ouverture vers de nouveaux compromis. C’est-à-dire que les célibataires vont devoir faire des concessions. La vie de couple est composée uniquement de microcompromis. Un pacte incontournable qui nous oblige à tenir compte des attentes, désirs et besoins de l’autre ET des nôtres!

La question qui tue: Est-ce qu’une personne seule a fait le choix volontaire de ne plus faire de compromis?

Est-ce que c’est pour cette raison que les célibataires préfèrent rester seuls, soi-disant parce qu’ils refusent de se contenter de nos jours? Cette alternative expliquerait pourquoi la barre de leurs critères est démesurément élevée… mais n’expliquerait pas pourquoi ils sont aussi nombreux à être inscrits sur les sites de rencontre? Le but n’est pas de prendre le premier venu ou de se contenter, mais bien de choisir le plus grand bien entre l’attraction physique et l’amour. Les exigences de l’un et de l’autre, si elles sont trop élevées, vont finir par tuer la relation quoiqu’il arrive, alors aussi bien penser à long terme et assouplir vos exigences.

Trucs et conseils:

  1. Prenez le temps de relire votre liste de critères.
  2. Ensuite, demandez-vous comment vous vous sentiriez si vous étiez en train de lire cette même liste d’attentes, mais que c’était celle de l’autre. Est-ce que vous trouveriez ces critères trop exigeants face à vous? Est-ce que ces critères vous donneraient l’impression que cette personne cherche vraiment l’amour?
  3. Commencez par parler à votre égo, regardez-vous dans le miroir et trouvez des compromis – seul avec vous-même!
  4. La réponse dépend uniquement de vous – quel type de personne vous cherchez pour vivre une relation d’amour?

Gardez en tête que c’est bien d’être capable de dire : « J’ai confiance en moi, je crois, en mes valeurs humaines et à ce que je peux offrir – je sais où je vais, je sais ce que je veux et ce dont je ne veux pas, j’ai de réelles passions et j’ai la chance d’avoir de vrais amis disponibles et fidèles.»

Mais tout ça… ça n’apporte strictement rien à « l’autre » si vous choisissez de rester dans le JE uniquement. C’est-à-dire que si vous faites votre liste à partir de l’auto-satisfaction, l’auto-sublimation, l’auto-idéalisation… souvenez-vous qu’il n’y a aucune place pour le compromis dans ce discours. L’important c’est qu’il y a un temps pour apprendre à se connaitre et pour s’aimer soi-même – et qu’il y a un temps pour apprendre à aimer l’autre pour ce qu’il est et ce qu’il peut nous apprendre de plus sur nous-mêmes. »

« Ta vie est ton cahier d’école, ne te limite pas dans tes apprentissages ».

Amicalement,
Marie-Christine Bordeleau
Experte en relations amoureuses

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