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Démystifier le plancher pelvien
Vous avez l’impression que tout le monde parle du plancher pelvien à gauche à droite et vous ne comprenez pas totalement qu’est-ce que ça mange en hiver? Noémie Séguin de Physio Pelvienne démystifie le tout et vous explique pourquoi c’est un groupe de muscles (et non un seul muscle) important!
Le plancher pelvien se divise en trois couches qui partent du pubis à l’avant et s’attachent autour et sur le coccyx à l’arrière :
La couche superficielle
Ces muscles assurent la tension et l’engorgement au niveau du clitoris et du pénis, ils sont donc essentiels à la fonction érectile et orgasmique, donc à la fonction dans les relations intimes.
La couche intermédiaire
Ces muscles entourent les orifices du périnée (urètre, vagin, anus) et assurent ainsi la fermeture et le soutien de ces orifices pour qu’ils soient étanches et assurent de cette façon la fonction de continence.
La couche profonde
Ces muscles sont les plus forts et les plus gros du groupe, combinés avec les autres couches, ils forment un plancher à la fois solide et souple (comme une trampoline) où viennent se déposer les organes pelviens (urètre, vessie, rectum, colon, petit intestin et utérus), ils assurent de cette façon une fonction de soutien dynamique.
Le soutien des organes est assuré par le plancher pelvien, mais aussi par les ligaments. Si le plancher pelvien présente des déficiences fonctionnelles, la majorité du support reposera donc sur les ligaments. Le problème, c’est que ces derniers sont comme des élastiques, et que s’ils sont étirés trop longuement, ils vont devenir lâches et ne pourront plus faire leur travail de support. C’est à ce moment que les symptômes se manifestent!
De plus, le plancher pelvien ne travaille pas seul, il doit se coordonner parfaitement avec d’autres muscles du corps qui constituent l’unité interne (peut-être êtes-vous plus familiers avec le terme core en anglais). En physiothérapie pelvienne, on compare souvent le core à une maison où le périnée constitue le plancher. Or, une maison en santé a besoin de murs et d’un toit, pas juste d’un plancher!
Les muscles du corps opèrent en synergie, c’est pourquoi renforcir uniquement votre plancher pelvien (avec des exercices de type Kegel, par exemple) peut aider à améliorer votre condition sur le court terme, mais n’est pas suffisant. On doit apprendre comment se comportent les muscles dans notre corps les uns avec les autres pour les aider à mieux travailler ensemble, ils doivent faire équipe!
Dans un autre ordre d’idée, il faut aussi comprendre que les muscles ont plusieurs qualités musculaires et n’ont pas besoin d’être seulement forts; ils se doivent également d’être endurants, puissants, souples et comme je le mentionnais précédemment, ils doivent arriver à se coordonner. Ils doivent aussi être réactifs et savoir s’adapter aux exigences du mouvement.
Le plancher pelvien est d’abord et avant tout un muscle de posture, ce qui signifie qu’il doit travailler moins intensément mais plutôt sur de longues périodes. Il doit aussi pouvoir s’adapter et se contracter juste assez pour supporter l’effort donné. En d’autres mots, il doit savoir quand et avec quelle intensité se contracter, mais également quand il doit se détendre. Tout un mandat!
On a longtemps pensé que le renforcement du plancher pelvien était la clé pour une réadaptation efficace que ce soit après l’accouchement ou suite à d’autres traumatismes de la région périnéale. Aujourd’hui, on sait que la clé est surtout la polyvalence de ce groupe musculaire. La preuve est que certaines personnes vont présenter un plancher pelvien trop tendu, ce qui leur occasionne des douleurs lors des relations intimes, mais aussi des douleurs lombaires, au bassin, au nerf sciatique etc. Derrière cette tension se cache souvent une faiblesse que les muscles tentent de compenser par une contraction continue mais inefficace.
En résumé, le plancher pelvien, c’est comme un marteau dans un coffre à outils. On peut posséder le meilleur marteau au monde, mais ne jamais s’en servir (hypofonction), ce qui engendre de la faiblesse, un manque de coordination, une proprioception (ressentie/conscience du corps). Est-ce que c’est parce qu’on ne sait pas comment ou quand s’en servir? Est-ce que c’est parce qu’on a oublié qu’on en avait un? À l’opposé, on peut se promener toujours marteau à la main et s’en servir constamment (hyperfonction), ce qui engendre tensions, douleurs, manque de coordination, proprioception. On peut prendre un tournevis pour faire le travail qui aurait été plus efficace avec le marteau ou, à l’opposé, prendre le marteau pour faire le travail du tournevis (compensations). On peut tenter de construire un édifice complet avec un seul marteau aussi… mais les chances de succès sont plutôt minces! Comme vous voyez, le plancher pelvien est un OUTIL précieux et polyvalent, qui peut nous aider sur bien des aspects de notre vie, mais qui doit être utilisé comme il faut!
C’est ce que vous trouverez dans une consultation avec un physiothérapeute expert en rééducation périnéale et pelvienne, mais aussi dans mon programme de réadaptation en ligne qui verra le jour en 2019. Au plaisir de vous aider!
Noémie Séguin, physiothérapeute
Physio Pelvienne
Rédaction :
Noémie Séguin
Mise à jour : 22 mars 2019
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