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La neige
La neige. Ce n’est que de la pluie gelée, mais c’est tellement plus joli !
Il y a celle qui saupoudre le sol, tout droit, en flocons minuscules. L’auteur Michel Jean, dans Kukum* (qui signifie grand-maman) l’associe à la douceur. Il écrit : « … la voix douce comme la neige qui tombe un jour sans vent ». Quelle description poétique et juste !
Celle-là, on peut apprendre à nos petits-enfants à pencher la tête en arrière pour qu’elle leur caresse le visage et les chatouille un peu.
Il y a aussi celle qui descend de travers, quand la bise souffle si fort que nous nous retrouvons enveloppés dans un nuage tourbillonnant. C’est dans ces moments-là qu’on dit qu’on ne voit ni ciel ni terre. Il se crée alors sur le sol toutes sortes de formes sans aspérité… elle garde sa douceur, même si le vent la rend parfois agressante.
Et les enfants l’adorent, parce qu’elle annonce souvent un congé d’école. Les petits skieurs la réclament, pour enfin aller glisser dans les pentes.
Il y a la neige dodue, cette qui tombe en gros flocons, des peaux de lièvre, dit-on d’elle. Cette expression québécoise a déjà gagné un concours nommé L’expression la plus savoureuse dans le cadre de la Journée internationale de la francophonie.
Ça, c’est la neige à bonhomme parfaite, celle qui permet de façonner des personnages rondouillards et sympathiques, et des forts imprenables. Les enfants l’apprécient beaucoup, mais les adultes un peu moins, car elle devient vite très lourde à pelleter.
Il y a la première neige d’automne, merveilleuse car elle transforme les paysages grisonnants en espaces lumineux. C’est celle qui annonce l’arrivée de l’hiver, la saison mal-aimée.
Et il y a les dernières neiges printanières, qui nous assurent que les érables couleront à flots pour nous apporter la « nourriture des neiges », l’eau d’érable, puis la tire et le sucre. Kukum* nous apprend encore que c’est ainsi que les Innus nomment cette sève savoureuse. C’est vraiment un généreux cadeau de notre nature québécoise, un festin qu’on a parfois la chance de déguster dehors, visage tourné vers le soleil pour profiter d’une belle chaleur si pleine d’espoir.
C’est à ce moment-là qu’on a hâte de voir disparaître toute trace de cette neige, jusqu’à la prochaine saison…
*JEAN, Michel, Kukum, Les Éditions Libre Expression, 2019