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S’impatienter ou patienter après le temps

À mon travail, je suis entourée d’adultes qui ont 50, 60, 70 ans et qui viennent s’entraîner à chaque semaine. J’entends des gens se plaindre de leurs douleurs: «T’as mal où ?», oui, mais je les entends aussi parler avec enthousiasme de leur excursion, de leur sortie au théâtre et de leurs petits-enfants.

Je suis assez proche de certains d’entre eux, car je les côtoie chaque semaine. Ils savent que je travaille, que je révise les leçons avec les enfants, que je les conduis à leurs cours la fin de semaine, que je planifie les camps et que je fais toutes les autres tâches qu’une maman accomplit. Ils m’encouragent.

Je les entends parfois relater la vie folle de leurs enfants. C’est d’ailleurs pourquoi ils offrent souvent de garder les petits afin de donner un coup de main et d’avoir le plaisir de vivre de beaux  moments avec eux. La semaine passée, Lise a gardé son petit-fils malade. Rendue chez elle, il semblait bien, il avait probablement simplement besoin d’un temps tranquille à ne pas s’affairer à des cours, devoirs ou autres activités. J’entends ces grands-parents qui questionnent le mode de vie effrénée de leurs enfants. Je me doute bien qu’ils n’en parlent pas ouvertement à leurs enfants, qu’ils se contentent de les soutenir en gardant les petits amours, en les recevant à souper ou en rendant mille et un services. Moi, j’écoute, et je pense à ma mère. Qu’est-ce que je ferais sans son aide et son si grand amour sans jugement?

Je sais pertinemment qu’un jour, j’aurai plus de temps pour moi. Déjà, mes filles ont grandi et j’ai réussi à intégrer deux entraînements par semaine dans mon horaire. Mais je voudrais bien terminer mes dossiers au bureau, aller aider le professeur à attacher les patins lors des sorties scolaires, que ma cuisine soit rénovée, voir davantage mes amis, passer plus de temps avec mon amoureux… cette liste est sans fin et peut me rendre bien frustrée.

Patience! Un jour, j’aurai plus de temps. Dans mon environnement de travail, un centre d’entrainement pour les retraités, je constate quotidiennement que les gens ont plus de temps pour voyager, apprendre une nouvelle langue, s’entraîner, faire du bénévolat, lire le journal, prendre un contrat de travail et s’occuper des gens qu’ils aiment. Ça m’amène à être plus patiente avec ma fille à l’heure du coucher quand elle se brosse les cheveux lentement, j’essaie de l’observer plus patiemment, et même, tendrement, car ce temps-là ne durera pas éternellement. Ce soir, je ne ferai simplement pas de collation maison pour demain, je les ferai un autre soir cette semaine ou… quand je serai grand-maman.

Joliette Trân

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